Ce travail repose sur l’observation des lieux qui témoignent
de l’interaction cultuelle des hommes avec ce qu’offre le sol wallon au fil des
siècles comme possibilités de rayonnement particulier. L’organisation de ces
découvertes quadrille en quelque sorte le territoire selon une pensée
mathématique et astronomique d’une part et l’application dans les croyances et
cultes d’autre part. C’est donc la persistance de la continuité du culte que
nous regardons venant de notre propre passé et qui traverse le seuil de notre
présent.
Les sources utilisées pour ce travail sont les publications
d’œuvres sur les mégalithes, d’œuvres sur les contes et légendes, d’œuvres sur
les sujets évoqués, la toponymie sur carte de la Wallonie, la recherche
systématique sur la toile du net et l’utilisation de l’outil Google Earth.
Le terrain de recherche concerne principalement le
territoire wallon (francophone) de la Belgique et ses abords (par comparaison
et reliance). IL ne s’agit pas d’écarter les régions belges de langue néerlandophone
ou les autres régions limitrophes d’origine belge du nord. Mais d’une part, je
ne dispose pas des outils de recherche, de la connaissance suffisante des
langues de ces régions, des publications et cartes nécessaires. Et d’autre
part, l’exemple régional est un cas par lui-même par sa toponymie (qui ne peut
être comparée), permet de se concentrer plus efficacement sur une zone (afin
d’en sortir des déductions qui elles sont comparables à d’autres), et enfin
s’adresse à ceux qui s’en serviront localement à titre d’outil de découverte.
Cela n’empêche pas à mes amis extra régionaux d’en tirer des conclusions qui
sont géographiquement plus étendues.
L’exactitude avec laquelle ces points sont marqués sur la
carte est volontairement floue. Pourquoi ? D’une part, je n’ai pas cherché
la localisation précise à l’hectomètre près, non pas paresse, mais pour
justement ne pas corrompre l’endroit, et de plus pour que chacun suive son
propre chemin de découverte. Le but de cet exercice étant d’informer de manière
générale et d’amener la réflexion, il n’est pas un guide touristique pour
autant. Il en ressort que les rapports entre ces lieux sont également
approximatifs et des traits d’esprit.
Les mégalithes
La plus ancienne trace de manipulation énergétique des sols
chez nous est l’ère mégalithique, ère précédent les histoires connues et qui
semble également être l’enfant de temps inconnus encore plus savants.
Les mégalithes étaient parsemés autrefois sur nos campagnes
à perte de vue, c’est plus que certain. Leur venue ne s'est pas fait en un temps mais en générations, ce qui explique des différences (dues aux changements de pôle, à la transmission imparfaite, aux outils d'observations incomplets) dans les orientations de l'ordre de quelques degrés. Les vagues successives de destruction
ne nous ont laissé que ce que nous voyons aujourd’hui. Et même aujourd’hui,
nous n’en sommes sûrs que pour la moitié d’entre eux, je veux dire
scientifiquement. Il y a un siècle à peine, nous devions en avoir le double et
ils sont encore voués à disparaître. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont
organisé en partie la trame de toute l’histoire paganisée qui suivait.
Nous sommes nombreux à avoir découvert qu’ils respectaient
des règles et que ces règles conditionnent encore aujourd’hui les rituels néo
païens. Presque toujours, ces monuments étaient assemblés soit en observatoire
astronomiques, soit en alignements d’équinoxe, de solstice, nord-sud ou
respectant l’angle de déclivité de la terre. Beaucoup pensent qu’à ces moments
précis, l’échange entre la maille céleste et la maille terrestre ainsi créée
devenait bénéfique à plusieurs titres. Si le but était de créer une maille
suivant ces principes, de cheminer sur ces lignes, il n’a pas dû être toujours
nécessaire de déplacer ce qui put se trouver sur place, de la roche j’entends.
C’est pourquoi il ne faut pas toujours rechercher le stéréotype d’un modèle
connu pour fixer son attention et donner des preuves remarquables. Une vue
aérienne est souvent plus explicite.
Les travaux des auteurs du XXe siècle ont permis de dresser
la carte des pierres et la toponymie des lieux la complète.
Les sources
Notre région déborde de sources et le culte des sources est
attesté dans la préhistoire. Il doit y avoir une raison à cela. D’abord l’eau
apporte les bienfaits comme les mégalithes le font à leur manière car elle
nourrit la vie. Nous sentons que l’orage nous apporte une stimulation
électromagnétique qui « réveille » les cellules et que son eau en est
chargée. Mais l’eau souterraine, elle, participe de l’activité tellurique et
draine les éléments que le sol offre à notre santé ainsi qu’une pureté peu
banale (à condition que le sol ne soit pas pollué). L’endroit où elle poind
revête une qualité spéciale qui tarit dans l’eau au fur et à mesure qu’elle
s’en éloigne. Elle nous rappelle le mystère de ce qui est caché, la
bienfaisance derrière la bienfaisance. A ce titre, les sources sont des points
clés. A ce titre, vous ne découvrirez sur cette carte qu’une partie de ces
sources car beaucoup deviennent des inconnues.
Les arbres
Dans une ère climatique plus prospère, l’arbre a joué un
rôle d’intercesseur vertical très important. L’image d’« arbre de
vie » provient du modèle même que cet être procure. Beaucoup de cultes de
l’arbre sont liés à l’interaction du végétal avec les forces vives et célestes.
Nous trouvons des milliers d’exemples d’arbres qui ont tenu une place centrale
dans chaque communauté pré romaine. Ils constituent ainsi des
« relais » aussi importants que les grosses pierres ou les sources et
différemment. Ces arbres connus disparaissent, et d’autres sont méconnus. La
liste est incomplète.
Les animaux
L’imagerie chamanique animale au même titre que l’imagerie
végétale a symboliquement pris une place aussi importante dans la toponymie que
dans les légendes, l’alchimie, les panthéons et la héraldique. Héritière d’une
ère animiste, elle fut intégrée jusqu’à nos jours dans l’imaginaire expressif
populaire au point d’expliquer sous une forme de code l’intérêt qu’il faut
porter à telle ou telle chose. La toponymie animale nous indique les endroits
qui firent l’objet d’une continuité cultuelle animiste sous un regard qui
évolue au fil du temps. C’est le témoignage populaire qui fournit le plus
d’indication. Plus celui-ci diminue, plus les informations sont manquantes.
Les grottes
Les grottes font l’objet de maintes légendes dans nos
régions en ce qui concerne le petit peuple. Et il serait une erreur de ne pas
tenir compte des légendes. IL ne faut pas oublier que dans les cultes
primordiaux, la grotte prend une dimension initiatique essentielle au même
titre que les dolmens qui leur succédèrent. Beaucoup de grottes ont disparu au
profit des carrières. Ce qui provoque une perte mémorielle quasi irrémédiable.
La couleur
C’est l’histoire proprement dite qui introduisit la
symbolique des couleurs dans sa conception du bien et du mal, le blanc et le
noir, le rouge et le vert. Ainsi la toponymie des couleurs indique un intérêt
particulier pour ou contre une activité ou une résurgence humaine passée.
Le nom des saints et
des dieux
Il y eut une évolution dans l’adoration polythéisme. Le
peuple adorait les forces de la nature et la complexification de la pensée
humaine l’a poussé à adorer de manière locale des entités ou des déités qu’il
voulut rapprocher de son statut en les nommant et leur donnant une histoire,
des interactions similaires aux siennes, à moins qu’il n’y eu une part de
vérité historique voir préhistorique à ces interactions. Le peuple gaulois, le
peuple germain gardaient cette attitude animiste tout en l’associant aux héros
du passé, qu’ils fussent de réels intervenants dans l’histoire de la planète où
qu’ils fussent ces forces vives elles-mêmes. Ils refusèrent de les représenter
ou d’unifier leurs visions pour garder libre leur propre ressenti par rapport à
cette vision.
Ce fut le conquérant romain d’abord qui tenta de muter et
d’unifier les divers panthéons celtes ou germains pour assurer l’unité
spirituelle de l’empire. Ce fut la naissance des dieux gallo-romains, moins
nombreux. Mais l’empire romain portait déjà en son sein l’embryon d’une
nouvelle religion monothéiste. De leur côté, les vikings, en réaction,
unifièrent également les peuples germaniques sous l’organisation d’un panthéon
bien similaire au panthéon gréco-romain. Il est curieux de constater les fortes
similitudes entre le sud, le nord-est et le nord-ouest dans cette période de
transition, similitudes qui allaient fixer pour toujours les découvertes de
l’étudiant des dieux européens.
Enfin, ce furent les Francs qui utilisèrent l’unité
spirituelle pour créer leur empire. Ils utilisèrent tout naturellement la
religion la plus en vogue : le christianisme. Le christianisme n’a pas
aboli les anciens dieux. Il les a transformés en saint. Il vaut toujours mieux
unir dans la paix que dans la guerre étant donné le caractère rebelle de nos
ancêtres.
Que nous reste-t-il dans la toponymie et les légendes ?
IL ne nous reste que peu de dieux pré romains, quelques dieux gallo romains et
beaucoup de saints. En créant des liens, nous pourrons retrouver des traces
cultuelles localisées. Mais ce qui
frappe, c’est que cette persistance est restée intacte dans notre
mémoire cellulaire et folklorique.
Les légendes
Il nous reste un millième des légendes de nos campagnes. La
profusion des contes vient de l’expression orale et de sa tendance à la liberté
d’interprétation. Toutefois, il y a des constantes régionales et parfois des
légendes importées qui tiennent de la perpétuité du mythe antique. Et toujours,
elles tiennent compte d’une histoire ancestrale ainsi que d’une symbolique
culturelle ancienne.
Les constructions de
la civilisation
Nous trouvons partiellement les itinéraires antiques qui
relient des communautés importantes. Les voies de communication que
restaurèrent et complexifièrent les romains, Charlemagne et la reine Brunehault au détriment des
grosses pierres indiquent les échanges qu’entretenaient entre eux ces
communautés. Les oppidums et villes gaulois indiquent des centres d’activité
établis en fonction d’intérêts défensifs, d’implantation agricole et également d’attraits
cultuels. Les temples de déités pré romaines, néo gauloises et la toponymie qui
les rappelle indiquent de manière sure un lieu d’une nature exceptionnelle.
Souvent, nos lieux de pèlerinage chrétiens sont les survivances de lieux de
pèlerinage antiques. A ce titre, les monuments et bâtiments chrétiens en
enfilade rappellent aussi des points de jonction entre des lieux encore plus
anciens. La codification (des saints) employée pour les nommer révèle d’une
nature cultuelle d’ordre polythéiste. Le fait que ces lieux de nature
différente soient connectés entre eux de manière hétéroclite n‘intervient pas
dans la nature de la maille ainsi tracée, qui, elle, sort des notions de la
culture et de la spiritualité d’un seul peuple. Ces connections semblent, elle,
sortir du temps et se moquer de l’interprétation. Nous avons donc des
renseignements sur la nature de chaque lieu et des renseignements d’ordre
général inexplicables quant à l’intention de ces reliances.
Endroits de culte
Nous trouvons, dans la toponymie, divers exemples de
« points du jour » entre autres ou de lieux qui rappellent le soleil,
la lune, etc. Nous y trouvons également des noms qui rappellent les
appellations des fêtes celtiques. Et enfin, nous avons trouvés des témoignages
de lieux de sabbat (résurgence sorcière des cultes druidiques). Pour ces
dernières, nous trouvons beaucoup d’endroit dénommés « dansau » ou
« charme » ou « rond de … ».
D’une part, nous retrouvons l’attitude de l’observation
astronomique comme celle de l’orientation du culte à travers la roue de
l’année. Et de l’autre, nous retrouvons les rassemblements en cercles qui
distinguent autant les rites animistes que druidiques. Sans nul doute, des cultes solaires ou stellaires furent-ils dédicacés à des divinités à l'instar des sources.
Les tombes
Les tombes remarquables sont presque toujours installées
près des grandes voies de communication antiques et en adéquation avec
l’interaction entre les lieux sacrés. Il semble qu’un désir d’immortalité de
grands personnages les a poussés à se faire ensevelir à des endroits clés et
ainsi à marquer le paysage de leur présence immatérielle.
Les dames
Nous trouvons énormément d’exemples de lieux qui portent le
nom de « dames » ou de « madame ». Outre la perpétuation
matriarcale du culte de la déesse au sein du culte marial chrétien, il semble
que l’intérêt porté au féminin a amené des rassemblements féminisants au sein
des forêts. Est-ce des sabbats composés uniquement de femmes, ou est-ce des lieux dédiés à la notion de la
Déesse, seule source inspiratrice et dispensatrice, ou tout simplement sont-ils
dédiés à son avatar « Notre-Dame » ? Nul ne connaît la réponse
mais nous trouvons sur le terroir de nombreux exemples de la
« Mammer » (la mère) ou de la Godin (la Déesse). Je postule le fait
que le matriarcat côtoya longtemps le culte plus solaire du Patriarcat ou
qu’ils s’interconnectaient. Nous ne parlons pas ici de la préhistoire, mais de
l’inscription de ces tendances dans les esprits jusqu’à nos jours, en lutte ou
danse permanente entre eux.
Le diable – le mal
Souvent le mal ou le diable est une vision fausse
judéo-chrétienne du vieux fond païen. Ces appellations désignent presque
toujours de vieilles pierres ou d’anciens lieux de culte païens. Pour moi,
l’action dénigrante est digne d’intérêt car elle indique un indice certain.
Les alignements
Fort de ces découvertes, il m’a semblé intéressant de tracer
des lignes fictives entre elles. Je me suis basé sur des angulations standards.
En rouge, j’ai indiqué des lignes fictives nord-sud pour représenter le rapport
avec les pôles. J’ai aussi indiqué des lignes fictives est-ouest pour
représenter le rapport équinoxial entre les lieux. Aussi en rouge, j’ai indiqué
des angles solsticiaux.
En jaune, j’ai indiqué le rapport de déclivité de la terre.
Ce rapport apparait étrangement dans l’orientation des dolmens.
On peut imaginer qu’avec une telle constellation de points
remarqués, quelle que soit la ligne que l’on trace, on peut toujours trouver
des correspondances mais ce qui est étonnant, c’est que ces correspondances
sont souvent correctes sur un espace peu étendu, ce qui laisse entendre que
l’on peut tout à fait sur un de ces endroits se tourner vers l’endroit voisin
dans un angle correspondant à un moment cyclique de la roue de l’année. Et
parfois, on se trouve sur un endroit « étoile » ou ces
correspondances utilisent TOUS les angles évoqués.
Cela conforte mon idée que ce dont nous héritons est une
trame tracée il y a bien longtemps par des hommes qui prêtaient une attention
particulière à l’application scientifico-spirituelle des lieux sacrés. Ces
lieux sacrés étant nés de l’interaction entre les leur potentiel naturel et la
vision humaine. Et ce jeu de lignes est extensible encore. Il ne représente
qu’un exercice et non une liste exhaustive. Rappelons que ce n’est que du
virtuel.
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