Les dieux – les saints – les héros


J’ai repris dans ce chapitre des personnages vénérés indifféremment des époques et dans la continuité. Il est intéressant de voir les cultes dont on fait référence encore maintenant.

 


 
 
Dans le premier tableau, tous les personnages sont différenciés. Dans le second, ils sont classifiés selon le type de religion. La religion polythéiste résurgente est encore visible dans la toponymie à raison d'un peu plus de la moitié par rapport aux évocations monothéistes des saints qui sont les avatars des anciens dieux. On remarque tout de même que la tendance patriarchale est installée depuis très longtemps, excepté peut-être l'évocation des sources et des forêts comme culte matriarchal un peu "en marge" de la religion officielle.


 




Martin : St Martin arrive en tête devant le diable et est le saint le plus vénéré de Wallonie. Pourtant, il n’est pas originaire de nos contrées même sil y est venu. Cela est dû au fait qu’il fut un des premiers évangélisateurs et le précurseur de la chasse aux mégalithes. Donc, il y a presque toujours un St Martin en présence d’un mégalithe ou d’un culte païen en vue de le combattre et surtout à proximité d’une voie romaine (Martin était romain). Il est d'ailleurs un indicateur sûr de recherche de ces voies. La moitié de ces cas est une église (importance oblige) St Martin. Le nom Martin peut se transformer en Marsinne (comme les pierres Martine ou Marsinne) en allusion au nom de Merlin ou en Marteau en allusion au dieu de la foudre ou en Martinet. On ne compte les fermes, les chapelles, les bois, les monts, les fonds, les rues, les prés, les sarts, les champs, les moulins, etc. qui portent ce nom. En ce sens, Martin est un saint qui supplante le souvenir, un dieu catholique qui n’en remplace aucun en particulier sinon tous. Une église st Martin est souvent un ancien temple romain. Lorsque ce temple est énergétique, Michel ou Georges prennent sa place, allusion au dragon. Parfois, il est supplanté par un saint local (répondant mieux au particularisme urbain et féodal). Toutes les voies sont disséminées de Saint-martin et de Saint-Pierre dans une moindre mesure, exception faite peut-être de la région au sud de Philippeville. Un village St Martin est d'ailleurs souvent accompagné d'un village Saint-Pierre du même nom. L'Eglise distingue ainsi deux dédicaces antiques qu'elle enseignera aux prêtres du temps passé.

 


Donat : St Donat, protecteur contre la foudre est bien le successeur de Donar (Thor), dieu de la foudre et de la semence. Que ce soit l’un comme l’autre, c’est bien au même endroit que l’on s’adresse à la même entité. Il n’est pas étonnant que cela soit ainsi puisque Donar était le plus populaire des anciens dieux comme ses collègues Zeus et Taranis. En ce sens, nous rajouterons ces derniers sur le deuxième tableau (résumé). Donar se décline dans le paysage sous le Marteau, le Dondel, Donder ou Donner (en langue germanique), le Tour ou le Thor (bande centrale est-ouest), carrément le tonnerre ou encore le St Donat (Liège et Namur). Freyr est parfois associé à Thor dans la région ardennaise mais revêt une autre nature.Les Thun, thon germains sont les maisons de Thor.
 


 Bel, Odin, Lugh, Pierre : viennent ensuite comme Dieux solaires.


En admettant que beau soit synonyme de solaire, on peut considérer que la racine « bel » ramène à l’idée de Belus (Belios). Les toponymes les plus courants sont des vals, des aires, des beleus, eux, typiquement ardennais. Les autres se trouvent dans tout le pays. Nous ramènerons Lugh et Odin au compte des dieux solaires ensuite.

Odin, l’égal de Teutatès est également dans l’héritage germain le pendant et l’égal de Bel chez nous. Nous le retrouvons dans le nom des lieux qui commencent par audin, odeign, odinn, odri. Ode et Odile sont aussi des rappels féminins. Sous sa forme germanique, il est connu sur les lieux commençant par Wod, vot, Von.
 
 

Lugh, enfin, est moins présent, comme implanté.


Celui qui concourt au grand succès des dieux solaires, c’est St Pierre. Eh oui, le patriarche Pierre, en lieu et place du Seigneur qui ne peut se comparer aux mineurs, se frotte aux brillants pour les supplanter. On a doucement une codification du système des saints catholiques. Ça mérite bien quelques églises, surtout dans la forêt ardennaise, bastion de résistance au progrès. Ces églises furent presque toutes établies sur les voies romaines et les diverticulum en mémoire de ce saint devenu romain immigré.

 


Anne : dans toutes les cultures est « la mère » par excellence. On la retrouve surtout en Hainaut, Brabant, Anvers et au pays de Liège. Elle ne méritera dans une société d’hommes que des chapelles qui la plupart du temps feront l’objet d’un culte des sources. La Brigitte d’outre-manche, les mères germaines, la Freya nordique bien présente grâce aux normands et germains viendront renforcer le culte de la Déesse-Mère. Diane et Arduina (au sud), Hella (au nord), moins présentes paradoxalement, rejoignent le groupe des déesses.
Anne

Ard Di Ane
 
Brigitte :
Hella :

Nehalennia :

Godin :
 
 
Marie : Tout le monde le sait, le culte marial (marital par extension) est le culte le plus profondément enraciné chez les chrétiens car il est la continuité de celui de la Déesse. A l'envers de sa mère Anne (Ana : qui est cachée), Marie se montre au grand jour. Elle n'est même pas solaire, elle est amour. De ce fait, les églises Onze Lieve Vrouw (notre chère dame), Sainte-Mère l'Eglise, Sainte-Marie, l'Immaculée Conception sont décrites en terme affectueux pour décrire la nature protectrice de la terre qui nous porte en son sein. Elles sont très nombreuses mais ne cadrent pas avec une réalité de terrain. Je ne les reprend pas ici car elles fausseraient les statistiques d'une résurgence païenne mais si je le ferais, elles équilibreraient sans peine la balance matriarcat - patriarcat. C'est un fait de modernité, à l'image de la société moderne qui tend à équilibrer les contraires.
 

Le Cornu : est quand même par lui-même présent 55 fois. Kernunnos ou le Cornu des sorcières est associé aux sabbats et récolte les honneurs dans les toponymes cornet(te), Horn(u), cornu, corneille, corb, corne, par monts et par champs.
 

Roch : comme Pierre fait penser aux roches mais St Roch est un personnage légendaire. Il serait un avatar du dieu gallo-romain Intarabus trévire, des dieux mercure et hermès (très populaires dans nos contrées). Ses chapelles, nombreuses, jouent un rôle semblant mineur. Et Freyr, très populaire aussi, vient compléter le tableau des intercesseurs, des voyageurs, des messagers.
 

Michel : parfois considéré comme un avatar de dieu solaire est, comme Georges, associé au dragon. En ce sens, il indique souvent une forte activité tellurique. En ce sens il est plus lié à Thor qu’à Odin, à Belenos qu’à Lugh. On le trouve surtout le long de la frontière allemande et luxembourgeoise dans les Ardennes.

 
Hermès et Mercure : on les retrouve sur les voies secondaires en tant que protecteurs des voies incertaines et intercesseurs auprès des autres dieux.

Les pierres à 4 dieux : sont des colonnes dont la base représente 4 dieux romains avec Jupiter à leur sommet retrouvées presque toujours dans un endroit cultuel romain, antérieurement celte et postérieurement germain ou voué au cultes chrétiens de St Martin et St Pierre en général, saints majeurs des voies romaines. On les retrouve surtout dans les grands axes romains dans la région luxembourgeoise et un peu dans le nord du pays.

 

 
Dans ce dernier tableau, je tente de dégager des idées majeures communes aux différentes religions qui ont influencé nos régions (celte, scandinave et chrétienne). Restent tout de même des thèmes rémanents :
- la déesse mère et ses avatars
- le dieu tonnant et ses avatars
- le dieu solaire et ses avatars
- le saint bipolaire remplaçant le jumeau divin
- les dieux et saints intercesseurs, sauveurs
- le saint évangélisateur, ennemi des païens, charnière
- le diable, sorte de prolongement démoniaque du cornu antique
 
 On pourrait aussi résumer de la manière suivante :



 


 

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