Site gaulois, voies romaines Tombes


Ces deux dossiers sont à examiner simultanément car ils reprennent les tracés de voies romaines connus ainsi que les oppidums, cités gauloises, temples et archéosites. Les oppidums sont dans les régions rocheuses, les cités dans les plaines, les temples dans le nord et ces voies de communication (préromaine) mènent forcément aux unes comme aux autres. Il faudrait y ajouter par cliquage les dieux romains et gaulois pour avoir une carte plus complète, l’Ardenne et la culture germanique faisant exception de l’influence celte directe et romaine. Les chaussées sont des anciens chemins reliant les agglomérations avant l’époque romaine jusqu’à ce jour.
Dans ce dossier, j'ai tracé les voies principales et les voies secondaires, voire tertiaires.

Les vecteurs qui m'ont permis de tracer sont :
Les études archéologiques
Les ouvrages
Les toponymies
Les églises St Martin, Saint-Pierre et les chapelles St Roch
Les fortifications, châteaux et fermes
Les abbayes
Les cathédrales et basiliques
Les tombes tumulaires

Nous distinguons trois types de voies anciennes :
La voie romaine (via romana) : aménagée de telle façon à déplacer les hommes sur de longues distances
Le diverticulum (diverticule) : reliant les agglomérations de type gallo-romain
La sente (sentier) : reliant les développements médiévaux
 

Pourquoi ce chapitre ? Je pense qu’il y a un lien intime entre ces endroits et les autres comme le démontre la maille fictive par moi tracée. Un conseil : pour une bonne lecture, il faut désactiver « frontières et légendes » ainsi que « routes » dans les données géographiques.
Comprenons ici que la guerre des Gaules fut une période Charnière dans le panorama régional, qu'elle laisse apparaître des réalités plus anciennes et qu'elle explique l'évolution du pays.
 

 


Tumulus : est une tombe à demi-sphérique de taille moyenne (10m diam) souvent bâtie en l’honneur d’un personnage de prestige. La plupart du temps, c’est un général romain de souche autochtone. La perpétuation de la tradition des tumulus vient d’un autre âge mais pas de Rome. Les gaulois, eux, pratiquaient l’inhumation après avoir utilisé la crémation. Ce retour aux tumulus est une idée reprise des anciens princes venus de l’Est restée dans l’esprit de l’aristocratie celte et germaine locale. Cette demi-sphère représente la voute et la montagne pour l’envol de l’âme. On les trouve le long de voies romaines et sont souvent associées à un réseau énergétique. On trouve aussi cette habitude dans des temps antérieurs d’ensevelir de « hautes personnes » près des sites importants à titre de « gardiens éternels », ici en l'occurrence les gardiens de la civilisation contre la barbarie germaine. Le culte du héros a remplacé le culte des dieux.
Le plus curieux est qu'on en trouve le plus dans les régions situées entre Durbuy et Tirlemont (sur la voie Bavay-Tongres-Cologne) alors qu'ailleurs, nous trouvons plus de tombelles type Michelsberg. Justement, ce territoire est le premier territoire d'influence franque, alors que les tombes mérovingiennes sont disposées en nécropoles. Gageons qu'il surent respecter leurs prédécesseurs et anciens ennemis. La Motte fut imitée ou assimilée sur le tumulus pour souvent perpétuer la descendance du pouvoir de la motte castrale. N'en resta que l'aspect proéminant défensif.


Motte : est une éminence dite féodale mais souvent issue de l’antiquité (francs, romains, celtes). A ce titre, elle est aussi digne d’intérêt. Les monuments religieux ne font pas exception au principe d’occuper la place. Les mottes et les buttes longent aussi les voies romaines. Un monceau est un amoncellement au même titre qu’une motte. Vers Genappe on trouve des monceaux du berger (personnage clef s’il en est). Beaucoup d'anciens sites d'occupation se réfèrent au mont (Mons-berg), d'abord par intérêt défensif, ensuite par la prolongation du culte de la montagne primordiale. La motte est simplement la saisie de ce principe par la classe guerrière.

Tombes : ou tombelles se retrouvent aux mêmes endroits et sont des tumuli. Parfois, elles sont plus discrètes o plus évasées.

Fosse : est un endroit funéraire collectif ou votif. C’est presque toujours un espace creux.

Tous ces endroits font partie de la maille tracée et n’ont pas été choisis à l’aventure.
Observations :
Les voies suivent les chemins anciens qui relient les peuples. Stratégiquement, les romains ont choisi et aménagé les voies qui leur permettaient de se rendre à des agglomérations qu'ils avaient déterminé "stratégiques" et c'est cela qui a été à l'origine des villes actuelles et de l'histoire des villages et châteaux féodaux. En effet, le château est l'emploi successif du castrum et le bourg est son prolongement. Le nom de "ville" dans le toponyme est lié à la villa et à son prolongement. Sa survivance est liée à ses rapports avec les agglomérations qui ont su prendre de l'essor. Les centralisations de voies  ont souvent permis la constance des agglomérations.

Ci-dessus deux classements. Dans le premier, l'importance accordée par les romains à certaines cités de positionnement stratégique général. Dans le second, la capacité des cités à correspondre avec d'autres endroits.


Les choix stratégiques d'orientation des voies dépendent de l'objectif de conquête.

Les diverticules permettaient aux romains de changer brusquement d'orientation de voie principale selon les besoins militaires mais avec un déplacement plus lent.
Les voies principales suivent des principes géométriques simples.
 
C'est d'ailleurs grâce à un de ces axes horizontaux que Rome put résister à l'avancée franque et ainsi fixer une différence dialectique durable. La ligne linguistique actuelle de la Belgique actuelle suit cet axe.
Concentrations populaires :
 
 
Les peuples successifs utilisèrent les infrastructures romaines (basées sur celles antérieures celtes) pour s'installer et restaurer, tant bien que mal, une organisation étatique. Bien souvent, les chefs lieux qui en résultèrent sont à l'origine des fiefs et petits états féodaux et sont les principaux objectifs de conquête. Les peuples qui leur sont inféodés sont assez correspondants aux peuples qui y habitèrent jadis (géographiquement et culturellement parlant plutôt que génétiquement parlant).
Cela permit une certaine continuité de la mémoire.

Ces zones sont encore reconnaissables aujourd'hui dans les groupes toponymiques actuels, voir :
 
Le traçage des diverticules est pour la plupart imaginé. Le reste est véridique. Les critères qui ont permis cet arbitraire, bien personnel, sont les églises st Martin, les chapelles st Donat, les tombes, les noms en "Ville" et en "Pont", "Castre", ou "Taverne", les noms latinisés, les raccords logiques de voie ainsi que la présence des agglomérations.
 

Les chefs-lieux actuels sont, pour la plupart et selon leur position stratégique, les héritiers des agglomération gallo-romaines.





 Cependant, le développement des nations a relégué au second rôle ces plus importantes pour développer une administration centralisante d'après les réalités modernes.
Par exemple, les capitales furent autrefois des agglomérations secondaires et ne répondent plus à des réalités tribales comme le faisaient des certaines petites villes d'aujourd'hui de manière insoupçonnée.
Exemples : Libin, Libramont, Bovigny, Aywaille, Amberloup, etc.
Certaines villes historiques ont su garder leur importance comme Tirlemont, Tongres, Mons, Tournai, Bruges, Anvers, Maastricht, Courtrai, Herentals, Turnhout, Gembloux, Waremme, Aix la Chapelle. Leur développement a été réalisé en fonction de leur continuité stratégique ou leur intérêt tribal ultérieur comme Aix la Chapelle, patrie des Francs Saliens.
Oppidum
  Télécharger Oppida.kmz
Liège, Charleroi, Bruxelles et Namur sont, à l'opposé, des exemples d'un développement artificiel mus par des besoins identitaires tardifs.

A partir de ces voies, nous remarquons une autre réalité ; les tracés ne sont pas droits. Pourquoi ?
D'abord, ils doivent respecter une constante d'altitude pour permettre une circulation aisée sans avoir trop de moyens de génie civil pour modifier le relief à grande échelle (contrairement aux bâtisseurs du néolithique qui n'hésitèrent pas à modifier le relief à des fins grandioses). L'accent est donné sur la distance parcourue rapidement pour relier des points entre eux et garder une administration impériale.
Dans ces variables de tracés, nous remarquons surtout des "évitements". Ils sont de deux nature.

Le premier exemple concerne l'évitement d'une éminence naturelle. Dans ce cas, lorsque la voir offre une courbe, il est naturel d'occuper l'éminence pour permettre l'accessibilité à tous les points de courbure.
Le second exemple est la déviation du tracé en fonction de l'expansion d'une structure sur la voie.
- villae (télécharger villas gallo-romaines)
- fortin
- relais, auberge
- camp
- vitae
- etc.
Castellum Oudenburg
 
 
La voie initiale à priori droite prit lors de l'époque gallo-romaine des aspects courbes en fonction du développement rural et urbain. Cette courbure permit la notion de "petite territorialité" et d'observabilité circulaire. Je ne conjecturerai pas de la chronologie de des déviations par rapport aux époques préromaines ou post romaines. Il semble cependant important de tenir compte du fait que les agglomérations celtes laissaient pénétrer les voies en elles sauf dans le cas des oppida et qu'elles n'organisaient pas de fortins de surveillance sur les voies, leur tactique étant plus volante que celle des romains qui assoient plus leur présence dans le panorama. Cette tactique celte upselete au regard du puissant monde gallo-romain a délaissé ces sites "imprenables" au profit des développements fortifiés sur les voies romaines. Les développements urbains ne peuvent subsister que grâce à une organisation plus large par voie de communication tandis que les camps retranchés ne conviennent qu'à une influence localisée et exonéré des voies de communication (autarcie). Nous retrouvons d'ailleurs les deux modèles dans l'évolution moyenâgeuse. Quand les villes se virent isolées, elles durent trouver des solutions alternatives pour survivre. Cette évolution progressiste et émancipante signa l'arrêt de mort de l'influence des châteaux de "type fortifié".

Nous trouvons la majeure partie de ces premiers châteaux sur les voies et diverticule du fait de leur position stratégique mais ces fortifications sont bien souvent ultérieures à l'époque romaine. C'est pourquoi nous trouvons des fortifications et châteaux le long des voies bien droites. Leur édification est sans doute ultérieure. Enfin, des châteaux plus jeunes historiquement, plus rarement, se concentrent hors voies pour se centrer dans les délimitations et selon des critères économiques. Il va sans dire que leur liaisons constituèrent les routes du Moyen-Age jusqu'à nos jours. Ces routes furent reléguées au second plan devant la croissance des modes de déplacement au profit des nationales puis des autoroutes. Il n'apparait plus aux yeux de nos automobilistes aujourd'hui une autre réalité que ces lignes droites ralenties par ces murs de maisons qui les jonchent, les obligeant à concentrer leur attention sur le devant d'eux, étriqué et encombré.

Les châteaux sont moins nombreux sur la côte (modification du niveau de la mer et aridité), la région hesbignonne des tumulus (bizarrement du fait de la qualité agricole du sol), le Hainaut (éradication révolutionnaire, guerres intempestives) et dans les métropoles modernes (au profit de l'urbanisation intensive). Nous remarquons que l'édification de châteaux a pour but de renforcer les centres d'agglomération et secondement dans le but de profiter des terres arables.


Une carte est disponible pour mettre ces points en évidence parallèlement aux voies, chefs-lieux et sites connus. De ces endroits, seuls ceux qui offraient une évidence stratégique ou économique ont pu se transformer. Les autres tombèrent dans l'oubli. Parions aujourd'hui que leur fouille offrirait encore des surprises comme ce fut déjà le cas "par accident' la plupart du temps.
La Belgique et les Pays-Bas sont les contrées qui offrent le plus de voies au kilomètre carré. C'est donc un pays école pour la compréhension.

 Par exemple, dans nombre de ces développements, nous trouvons des châteaux ou mottes qui sont créés lors de générations ultérieures d'occupation des mêmes endroits. D'autres portent le nom de ville, Wi, Vigny marquant la présence d'une ancienne villa. Parfois, l'endroit devient une abbaye, une cathédrale ou dans une moindre mesure une ferme fortifiée. Parions que vous les regarderez d'un autre œil. Cela devient franchement intéressant quand ce développement va à la rencontre d'une présence préromaine ou d'une localisation de légende ; preuve que l'endroit eut sa part d'intérêt pour que la voie s'y égare.

Ces petites voies ou sentes, furent de notoriété pour relier ces fortifications hors diverticule. Etaient-elles des sentiers préromains ou romains ? Quoi qu'il en soit, selon l'intérêt, elles mirent en évidence des places qui se développèrent grâce aux méthodes agricoles médiévistes centralisées de ferme fortifiées en place forte plus ferme pour certaines, voire en abbaye pour l'Eglise. Souvent, l'établissement de plans d'eau successifs à proximité déterminèrent ce choix pour constituer le vivier qui apportera les protéines nécessaires et la force motrice pour moudre le grain. Dans les régions d'eau stagnante et sablonneuse, il est  facile de créer des douves. Le petit château carré avec douves carrées domine sur les châteaux autres dans toute la région flamande.

Ces endroits sont très nombreux et typiques du style de vie jusqu'au 18e siècle. Sur ces sentes se disséminent d'autres fermes massives (ferme = fermé, clos) qui ne présentent pas le côté fortifié, et pourtant certaines datent du XIe siècle. On ignore aujourd'hui l'aspect d'hier, souvent. Il est difficile aujourd'hui de de se faire une idée de ces voies tant le développement industriel a modifié les priorités des voies d'accès au détriment du mode rural.

Dans le dossier téléchargeable, je sépare les développement châteaux, villes, châtelets, fermes, tours visibles en fait duquel le rôle initial selon l'emplacement stratégique est primordial ou secondaire (fortins).
Cependant, à l'heure actuelle, nous comprenons qu'une tour ou une ferme précède chronologiquement le château dans sa forme première mais que sa forme actuelle peut dériver de son histoire. Ainsi une ferme peut provenir d'un château ou l'inverse ; un châtelet d'un château ou l'inverse, une tour etc. Il n'y a que l'archéologie qui peut mettre à jour les étapes que subit une place forte.
Rappelons encore que ces développements se firent à l'époque gallo-romaine, franque et médiévale. Auparavant, les celtes ne tinrent pas compte, rappelons-le de voies majeures, se fiant plus à des déplacements légers et adaptés au milieu.
Télécharger développements.
Il serait convenable de comparer cette étude à celle évoquée dans la carte plus haut sur les chefs-lieux. (fichier, télécharger)
Enfin, pour une compréhension globale, je vous invite à la page Google earth "classement Artio's" pour avoir la carte générale et considérer les interactions et déductions.
Les abbayes sont souvent empruntées aux places fortes et sont disséminées également sur les voies.
On remarque bien sur l'image suivante la concentration des châteaux autour des voies romaines principales, surtout en terre arable, et plus volontiers autour de centres féodaux naissants. Comparons cette 2e carte avec celle des centres populaires celtes plus-haut.


Ils va sans dire que ces deux cartes suivantes sont assez semblables; la première est conditionnée par les voies et les centres développés grâce à elles ; la seconde a conditionné les voies par des développements antérieurs, à la différence que l'urbanisation moyenâgeuse a quelque peu modifié le paysage.




Au XXe siècle, la disposition des systèmes de défense est nationale, et donc répond à des impératifs internationaux mais des villes clefs sont les principaux enjeux mais ces villes sont des villes modernes dépendant de grands axes fluviaux. Ces derniers ne sont plus à l'ordre du jour au XXIe siècle. Remarquez déjà cette polarité linguistique.


Il y a des redondances le long des sentes et diverticules. Hormis l'emploi intensif des pierres pour paver les via romana, il semble qu'il perdura un respect pour le repère naturel et mégalithique. En tenant compte de l'ignorance que nous avons du paysage préromain,, on peut imaginer un spectacle incroyable de pierres, de rivières sauvages, de grottes, avant l'avancée de l'aplanissement humain. Les "rochettes", "pierres qui tournent", "pierres qui poussent", "pierre du diable", pierre fontaine", sources, etc. jalonnent étonnamment les chemins qui relient les châteaux, aujourd'hui moins visibles de l'auto. Hormis ces exemples, les mégalithes ne sont pas concernés par les voies hormis les bornes qui servent de repère limitatif.
Ce chemin de recherche fait à partir de la Rome jusqu'à la féodalité prouve au moins une chose. Les sentiers suivent les lieux de légende parce que le cheminant leur donne une histoire et un nom mais aussi leur intérêt précède leur nomination par l'homme voire leur déification et leur cheminement précède la Rome. Donc, ces chemins sont très anciens et sont liés au moins aux celtes. CQFD.
Au delà de ce temps, plus rien n'est visible sinon la pierre.
  Les Fortins des voies romaines
L'empire romain a du à plusieurs reprises maintenir des lignes de front pour préserver ses frontières. La Belgique en est constellée. Ces lieux conservent encore leur trace sous divers toponymes dérivés de germes d'abord gallo-romains (castella, castra, uallon, durnon, uaro, balla, borgos, brigetio, cortoron) puis franciques (bareel, camp, daal, gaard, tor ou tourinne en vieux français).

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